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Un déclin mondial

À l'heure actuelle, environ 1,9 millions d’espèces seraient répertoriées au niveau mondial : ceci n’est qu’une fraction des plus des 8 à 20 millions d’espèces supposées exister sur la planète. Chaque jour, les biologistes identifient de nouvelles espèces. Mais cela ne change rien au déclin alarmant de la biodiversité. D’après le rapport de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) de 2019, 1 million d’espèces sont aujourd’hui menacées d’extinction.

Depuis 1900, l'abondance moyenne des espèces locales dans la plupart des grands habitats terrestres a diminué d'au moins 20 % en moyenne. Plus de 40 % des espèces d’amphibiens, près de 33 % des récifs coralliens et plus d'un tiers de tous les mammifères marins sont menacés. Au moins 680 espèces de vertébrés ont disparu depuis le 16ᵉ siècle1.

La situation est moins claire pour les espèces d'insectes mais les données disponibles conduisent à une estimation provisoire de 10 % d’espèces menacées. Les populations d’insectes subissent un déclin catastrophique avec une chute qui pourrait atteindre 80 % au cours des trente dernières années dans les paysages agro-industriels2

L’Indice Planète Vivante 2022 mondial indique une chute de 69 % en moyenne de l’abondance des populations d’animaux sauvages suivies entre 1970 et 20183.

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1 million d’espèces sont aujourd’hui menacées d’extinction

Le déclin des populations est un indicateur d'alerte précoce de la santé globale de l'écosystème.

Le déclin des populations est un indicateur d'alerte précoce de la santé globale de l'écosystème.

Crédit : WWF


La Belgique

Bien que notre pays soit petit en superficie, il recèle une grande diversité d’habitats et d’espèces.

En 2020, 36 300 espèces de plantes, de champignons, d’animaux et de micro-organismes ont été recensés sur le territoire mais les experts suggèrent qu’il y en aurait entre 52 000 et 55 000.

Notre pays présente une grande diversité d’habitats naturels et semi-naturels, découlant de ses caractéristiques géographiques et géologiques, associées à l’impact des activités humaines. Les forêts de feuillus et de conifères, les pâturages, les landes, les tourbières, les zones humides, les lacs et rivières, ainsi que les écosystèmes marins en mer du Nord sont les principaux types d’habitats.

Parmi ceux-ci, certains présentent aussi un intérêt à l’échelle européenne, tels que les marais d’Harchies, les hêtraies-chênaies en Flandre et à Bruxelles ainsi que les Bancs de Flandre (bancs de sable) en mer du Nord. Les dunes côtières, les tourbières hautes et les pelouses calcaires sont même devenues des habitats particulièrement rares en Europe qu’il s’agit de protéger.

La Belgique protège 12,7 % de son territoire terrestre dans le cadre du réseau européen Natura 2000, avec 310 sites protégés. Parmi ceux-ci, il y a plusieurs zones naturelles réputées, comme le Bois de Hal, le Zwin, la Forêt de Soignes et les Hautes Fagnes.

Un tiers des espèces seraient menacées en Belgique, d’après les dernières évaluations1

(en excluant les espèces non vulnérables et non évaluées).

Références:

1 Kestemont B. The bottom-up assessment of threatened species. Nat Conserv Res. 2019;4(3):93–106.


1/3 des espèces menacées WWF

Crédit photo : WWF

L’Indice Planète Vivante (IPV) Belgique

L'IPV belge indique une légère augmentation, de 0,2 % par an, des populations des différentes espèces suivies pour la période 1990-2018, avec une stabilité ces 10 dernières années. 

Cet indice intègre les populations de 283 espèces animales parmi les 36 300 espèces vivantes. Il ne fournit donc qu’une représentation partielle de la réalité. 

Cela ne signifie pas pour autant que la biodiversité se porte bien en Belgique. En effet, si les mesures modernes ont débuté en 1990, des études ont montré que la biodiversité en Belgique avait déjà connu un fort déclin avant cette date1, principalement suite à la révolution industrielle. Par exemple, au 18ᵉ et 19ᵉ siècles, la forêt wallonne a subi une énorme pression à cause de la demande croissante en combustible (charbon de bois) pour faire fonctionner les hauts fourneaux notamment. Ainsi, la superficie forestière est descendue à moins de 347.300 ha au milieu du 19ᵉ siècle (-20% par rapport à 1750). Aujourd’hui, grâce à la mise en place du Code forestier en 1854 et aux actions de conservation et de restauration de la nature, la forêt wallonne occupe un peu plus de 560 000 ha, soit un gain de 60 % en 150 ans.

> Comprendre les rouages des indicateurs

Références:

1 Plusieurs études démontrent un fort déclin de la biodiversité au cours du 20ᵉ siècle dont parmi celles-ci : 

  • Carvalheiro LG et al. Species richness declines and biotic homogenisation have slowed down for NW-European pollinators and plants. Ecol Lett. 2013;16(7):870–8.
  • Kervyn T, Lamotte S, Nyssen P, Verschuren J. Major decline of bat abundance and diversity during the last 50 years in southern Belgium. Belgian J Zool. 2009 ; 139(2):124–32.
  • Maes D, Van Dyck H. Butterfly diversity loss in Flanders (north Belgium): Europe’s worst case scenario? Biol Conserv. 2001 ; 99(3):263–76.

Tendances IPV Belge WWF

Source : Rapport Planète Vivante Belgique 2020. Crédit : WWF

Parmi les espèces étudiées, les populations d’oiseaux sont celles qui enregistrent le plus fort déclin avec une diminution moyenne de 1,2 % par an depuis 1990, ce qui représente une baisse globale de 28,7 % durant la période 1990-2018. Dans les zones agricoles, ces populations ont même chuté de 60,9 %.

Des chiffres d'autant plus inquiétants que les zones agricoles représentent près de 44 % de la superficie totale de la Belgique. 

La biodiversité étudiée régresse également dans nos forêts, avec une diminution moyenne de 26,6 % sur cette même période.

Cependant, les espèces animales vivant dans les zones naturelles ouvertes ont augmenté de 15 % entre 1990 et 2018 et celles vivant dans les zones humides de 47,6 % sur la même période. Les mesures de protection et de restauration de la nature et de l'environnement semblent ainsi avoir un impact positif. 

On a, par ailleurs, observé une augmentation du nombre d’espèces méridionales, indiquant une association probable au changement climatique, la Belgique connaissant une augmentation de ses températures moyennes de 1,9 °C depuis 1890. La température maximale annuelle moyenne a par ailleurs atteint un nouveau record absolu avec 16,3 °C en 2022. Des espèces venant du sud s’adaptent donc aux températures belges.

Evolution température Belgique - Climat.be

Source : climat.be - Crédit (intégré) : climat.be


Pour des données plus détaillées sur chaque région,

consultez les sites suivants : 

Vers une sixième extinction de masse ?

La disparition d’espèces animales et végétales est un processus normal de l’évolution. Les espèces les moins adaptées disparaissent et de nouvelles espèces apparaissent au fil du temps. Lorsqu’un nombre important d’espèces disparaissent sur une courte période (à l’échelle des temps géologiques, c’est-à-dire sur plusieurs millions d’années), on parle d’extinction de masse ou de vague d’extinction. Les scientifiques considèrent qu’il y a une extinction de masse lorsque 75 % des espèces disparaissent sur une courte période à l’échelle des temps géologiques. Cela s'est déjà produit 5 fois dans l'histoire du vivant sur Terre. Or, actuellement, les dernières recherches scientifiques estiment que 48 % des espèces animales subissent un déclin rapide. Nous ne pouvons donc pas dire que nous sommes dans la sixième extinction mais dans un scénario qui nous y mène vraisemblablement.

Les dernières recherches scientifiques estiment que 48 % des espèces animales subissent un déclin rapide.

Néanmoins, aujourd’hui, la biodiversité décline à un rythme effréné, 20 à 100 fois supérieur à celui des derniers millénaires, et cela, sur un temps infiniment plus court : 100 ans au lieu de millions d’années. C’est pourquoi certains scientifiques utilisent le terme contesté de « 6ᵉ extinction de masse ». Avec une spécificité par rapport aux précédentes vagues d’extinction : c’est la première due à une seule espèce, l’être humain, qui, par les systèmes d’organisation de certains de ses groupes, génère une prédation intense et générale sur les ressources planétaires et les autres êtres vivants. Après une extinction de masse, les scientifiques estiment qu’il faut entre 10 et 40 millions d’années pour revenir au niveau de biodiversité précédant celle-ci. 

Nous bouleversons actuellement autour de nous les conditions de vie jusqu’à faire disparaître des espèces dont nous dépendons. Ce constat appelle donc à revoir notre rapport au monde vivant mais aussi à comprendre les causes profondes de ce déclin de la biodiversité. 

 

La biodiversité décline à un rythme effréné, 20 à 100 fois supérieur à celui des derniers millénaires, et cela, sur un temps infiniment plus court : 100 ans au lieu de millions d’années.

Les 5 grands facteurs directs du déclin de la biodiversité 

La communauté scientifique s’accorde pour dire que le déclin de la biodiversité est dû principalement à 5 grands facteurs directs. Ceux-ci peuvent avoir des influences dominantes variables en fonction de la région géographique ou de certains contextes.

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